"J'étais au milieu de la forêt, il y avait deux chemins devant moi, j'ai pris celui qui était le moins emprunté, et là, ma vie a commencé."  Robert Frost

Miroir éphémère


 

C’est au cours de ma fuite, sous ce ciel morose, que tu m’es apparue, étincelante et limpide. Personne ne te prête un regard. Le promeneur te fuit à chaque pas. Pourtant, tu donnes l’opportunité de voir le monde sous un autre jour. Réapprendre à contempler telle est l’essence de ton existence. Ça et là tu reflètes une couronne sortant de terre, une ramure animée se déploie et conquière des recoins inaccessibles. Soudain, une imperfection et tout ton être est troublé pour un instant. Un objet de contemplation et de mémoire, où l’être et le néant te font insaisissable pour l’Homme, tu régénères sans cesse ta parure comme une renaissance. Ton abîme renferme le miroir de la vie, bijou éphémère de la nature. 


Vestiges du passé

Un matin d'automne


Ramifications


Eau trouble




Ton blanc manteau

C’est sous ce ciel vaporeux que tu me fais languir. La cime des arbres me nargue, comme si tu n’attendais que moi pour venir te chercher. Je grimperais un à un leurs frêles rameaux. Je tendrais mon bras pour chatouiller les nuages. Peut-être daigneras-tu enfin m’accorder ce privilège. Je m’allongerais sur l’humus en attendant ta venue. Embrassée par la silhouette de ces chênes centenaires. Les yeux fermés, bercée par le bruit du vent repoussant les feuilles mortes. Voluptueux et aérien, tournoyant dans cette brume épaisse, tu effleureras mon visage et une sensation d’apaisement m’envahira. Un instant froid et éternel. L’émotion me submergera et nous ne ferons plus qu’un. Tu le sais autant que moi, la beauté n’est qu’éphémère. Il ne me reste plus qu’à attendre ton retour lointain, en espérant que tu ne m’oublies pas. 


Aurore

Après le silence et l’obscurité, vient la clarté... 



* Toutes les photographies ont été prises au sein de la forêt domaniale de Sénart, au cours de ces cinq dernières années, et font parties d'un projet plus vaste contenant une centaine de clichés. © Anastasia Delécolle, tous droits réservés.